Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Sandrine Pereira, je suis une « convertie » à l’enseignement depuis six ans !
Je me suis lancée dans cette aventure en découvrant le métier à travers la scolarité de mes enfants, qui revenaient souvent enchantés de leur journée à l’école.
Lors de ma troisième année d’enseignement, non-titularisée, j’ai complété une collègue à mi-temps dans une école polyvalente. École dans laquelle la maternelle était en fonctionnement d’inspiration Montessori.
Voilà comment je suis tombée dans la marmite !
Est-ce que tu suis les élèves sur leurs trois années de cycle 1 ?
En six ans, j’ai changé d’école cinq fois ! Donc non. D’une part, je travaille en éducation prioritaire où les triples niveaux ne sont pas possibles. D’autre part, j’observe une certaine résistance des équipes sur ce sujet. Ce n’est pas l’usage.
Quel est ta formation ?
Auto-formation pure ! Livres, articles et vidéos de Céline Alvarez. Le film « Le maitre est l’enfant », que j’ai vu plusieurs fois, m’a fortement inspiré.
Comment se former du côté « savoir être » ?
En échangeant avec les collègues de PM 75 ! La possibilité de visiter des classes est également un moyen formidable d’absorber des tas d’informations qui nourrissent ma réflexion. Je me sens encore dans la phase des grandes découvertes. J’ai beaucoup changé d’écoles et de niveaux sur les trois cycles.
As-tu tout le matériel ? Comment te l’es-tu procuré ?
J’ai très peu de matériel. Cette année est ma troisième année en maternelle en changeant chaque année de lieu. J’ai commencé par chiner du matériel pour étoffer un coin « vie pratique ». Je me suis épuisée ces deux dernières années à collecter du matériel et à déménager, réaménager, libérer l’espace. J’ai aussi bricolé avec les moyens du bord, étant peu manuelle, des lettres et des chiffres rugueux. Je comprends seulement maintenant, que je dois passer à la phase « construction » en m’ancrant dans une classe.
Tes résultats ou observations concernant la réduction des inégalités sociales, l’intégration de publics spécifiques.
Ce qui me frappe le plus est la joie indicible des élèves de « faire du vrai ». Et ce quelque soit le profil. C’est une porte d’entrée formidable pour permettre à l’élève de s’engager, un levier puissant pour susciter l’enthousiasme et la curiosité.
Je me rappelle une anecdote lors de mon année de PES, ma formatrice m’a fait remarquer, lors d’une de ses visites, que je n’avais pas de coin cuisine classique. Elle était surprise. Faire semblant de presser une orange en plastique peut amuser les élèves et développer des échanges langagiers fertiles, mais cela me semble bien moins intense que de faire un véritable jus d’orange. Être autorisé à choisir par soi-même, à accumuler les expériences, à observer ses pairs fait naître également chez l’élève inhibé et/ou en difficulté, l’envie. Cela ouvre la porte à la motivation.
Et Public Montessori dans tout ça ?
J’ai une immense gratitude envers ceux qui ont eu l’idée géniale de créer cet espace. Un espace dont la première vertu pour moi est l’échange de pratiques et de ressources. La possibilité de bâtir un réseau est si précieuse.