Over 10 years we helping companies reach their financial and branding goals. Onum is a values-driven SEO agency dedicated.

CONTACTS
Témoignages

Une classe Montessori dans une école publique parisienne. ​Témoignage d’Anne Reuillon.

Témoignage d’Anne, enseignante d’une classe de PS-MS-GS, à Paris.


 

Est-ce que tu suis les élèves sur leurs 3 années de maternelle ?

Oui ! Et j’ai beaucoup de chance !!!

Mon Directeur, Patrice, me soutient depuis le début. Il m’a vu évoluer pendant tout mon parcours, depuis le jour où pendant mon arrêt (suite à une opération des deux pieds qui m’a clouée dans mon canapé, avec beaucoup de temps pour réfléchir), je suis venue à l’école pour lui parler des 3 grandes lignes sur lesquelles je voulais désormais travailler avec mes élèves : contrôle inhibiteur, mémoire de travail et flexibilité cognitive.

C’était mon axe de changement, même si dans ma tête j’imaginais aussi un glissement de pratique se rapprochant de la pédagogie Montessori. Cela me paraissait seulement tellement difficile à atteindre.

Ainsi, oui, j’ai un triple niveau et nous restons ensemble 3 ans dans la classe. Quelle responsabilité ! Et en même temps, quel bonheur ! Avoir du temps, cela aide à lâcher prise…

Ta formation ?

Je me suis d’abord formée en autodidacte, grâce à Céline Alvarez et à la possibilité gratuite qu’elle nous a offert de se familiariser aux présentations individuelles autour du matériel Montessori. J’ai tout regardé, j’ai tout retapé sur mon ordinateur (toutes ses présentations), je les ai rattachées aux Instructions Officielles de l’Education Nationale. J’ai compris que j’avais une super ligne directrice. J’ai beaucoup fait d’arrêt sur images, sur toutes ses vidéos, afin de mieux comprendre, essayer de me transformer en petite souris dans sa classe. J’ai commencé en parallèle à lire Maria Montessori, « L’enfant » d’abord, puis la pédagogie scientifique… Et à Noël, j’ai tout changé. Je suis passé d’une pédagogie complétement traditionnelle à un fonctionnement fortement inspiré par la pédagogie Montessori, avec du travail présenté individuellement.

Un an après mon changement, j’ai ressenti un isolement, avec beaucoup de questions sans réponse. Et c’est là qu’une très bonne amie m’a parlé de l’association qu’avait créé un ami à elle pour promouvoir la pédagogie Montessori dans le public. Public Montessori.

J’ai contacté le groupe de Paris et lorsque je me suis rendue à la première réunion, j’ai eu un déclic. La magnifique classe d’Aurélie, déjà, avec tout ce matériel dont je rêvais ! Et puis, j’avais devant moi toutes ces personnes qui se posaient exactement les mêmes questions que moi, qui avaient les mêmes problèmes de matériel, de suivi des élèves…

Depuis, je ne rate aucune rencontre ! J’ai pu suivre plusieurs formations sur différents sujets : les arts (avec Gladys Brégeon), l’écriture (avec Stéphanie Leprêtre, Eductus), ainsi que les miniformations courtes, proposées en webinaires (les arts notamment avec Christelle Papin, depuis l’île de la Réunion)…

Nous avons aussi réussi à organiser un séminaire de 3 jours en juillet 2020, mené par Chloé Lamoureux avec 18 participantes, en autofinancement, dans 3 classes parisiennes différentes. C’était un moment fort pour notre petit groupe !

Comment se former côté savoir être ?

Une fois qu’on est libérée de toutes les connaissances à acquérir en lien avec le matériel Montessori (cela demande déjà de nombreuses heures de travail), on se rend bien compte que la vraie limite c’est soi-même. C’est-à-dire que le changement principal est dans la modification du rôle de l’enseignant.

Dans mon cas, passer d’un statut de « maître-savant », organisateur et dans l’hyper contrôle (être certaine que tous les enfants aient bien effectué toutes les activités proposées) à celui de « maître-ressource », observateur des évolutions de ses élèves pour tenter de comprendre quels sont leurs besoins réels, capable de lâcher prise et ne pas savoir tout le temps, tout ce que font les enfants. Au contraire, être présente vraiment pour chacun à un moment de la journée.

Cette métamorphose est ce qui me parait le plus difficile à accomplir. Le changement est long. Il faut accepter ce temps de cheminement…

Je pense aussi qu’un travail autour de la communication non violente m’a beaucoup apporté ! Ce stage m’a fait prendre conscience de l’importance de prendre soin de ses propres émotions et ses besoins afin de mieux gérer ceux des enfants dont on s’occupe. Le sujet est complexe et je me trouve encore une fois au début d’un autre chemin (merci à Véronique, de Déclic)…

As-tu tout le matériel et comment te l’es-tu procuré ?

Oui, j’ai désormais « presque » tout le matériel nécessaire au fonctionnement d’une classe en 3-6 ans. Cela représente beaucoup d’argent. Je me suis équipée sur environ 3 ans, en achetant progressivement (en fabriquant aussi beaucoup au démarrage). Les parents m’ont beaucoup soutenu par leurs dons à la coopérative de la classe. Ils adhèrent au projet et je les en remercie très chaleureusement. Sans leur confiance, je n’en serais pas là !

Je ne peux pas conseiller de fournisseur car celui chez qui j’ai tout acheté a fait faillite. Snif ! Le matériel était d’excellente qualité à un prix raisonnable.

Cependant, je suis actuellement dans un esprit d’aller à l’essentiel et d’épurer la classe plutôt que de rajouter des ateliers. Je rachète toujours le matériel abîmé car tout ce qui est présent dans la classe doit être beau, en bon état et complet ! C’est la règle de base !

J’ai aussi réussi à installer dans la classe des activités sans présentation (puzzles et autres) ayant les mêmes critères de hiérarchie et de beauté que le matériel Montessori : c’est le matériel Grimms.

Tes résultats ou observations concernant la réduction des inégalités sociales, l’intégration de publics spécifiques…

Mon école se trouve dans un quartier (le 12ème arrondissement de Paris) que je pense être plutôt favorisé. Mais la politique de la Ville a fait qu’il y a aussi beaucoup de logements sociaux, entrainant une réelle mixité. Ce qui est une chance ! Il y a ainsi de nombreux fossés à combler.

Je peux observer que les enfants progressent énormément sur les questions d’ « être élèves ». Même (et surtout) pour ceux que ne baignent pas dans cette culture à la maison. Et c’est là que la pédagogie Montessori fait toute la différence : apprendre à se concentrer, à aller au bout de son activité, de son projet, c’est fondamental !

En dehors de l’acquisition des compétences de base du socle commun des IO de l’Éducation Nationale qui sont lire, écrire, compter qui sont aussi beaucoup travaillées dans la classe. En effet, on travaille tout le temps (même/surtout quand on observe les autres travailler), tous les jours, du premier au dernier jour de classe. Et on aime ça !!! Cela fait une vraie différence.

Je trouve aussi qu’il y a beaucoup d’entraide entre les enfants. Ils savent sur qui compter, ils s’impliquent dans la vie de la classe à 100% et c’est magique de voir ça !!!

Public Montessori ?

L’association est, pour moi, l’espoir représenté par tous ces changements de pratique à l’échelle nationale.

Nous ne devons pas laisser cette pédagogie, extraordinairement en avance sur son temps (appuyée et démontrée par toutes les recherches en neurosciences actuellement) à un quant-à-soi élitiste.

Si on replace la volonté de Maria Montessori de créer une société plus juste, avec un vrai projet de paix dans le monde, on voit bien qu’il faut que tous les enfants puissent bénéficier d’une telle philosophie d’apprentissage, quel que soit leur origine.

C’est une vrai démarche citoyenne pour moi ce changement, dans laquelle Public Montessori y a toute sa place avec des valeurs identiques (collaboration, entraide, formation, partage de connaissances, de matériels…).

J’aime beaucoup la réponse de Maria Montessori à qui on demandait comment elle faisait pour que ses élèves différents (handicapés) réussissent les examens italiens, contrairement à des enfants dits « normaux » qui n’y parvenaient pas forcément. Elle se demandait plutôt quels étaient les obstacles qu’on avait mis face aux enfants dits « normaux » pour qu’ils n’y parviennent pas !